Il existe de multiples façons de présenter les modes, encore appelés « gammes d’accords ». J’emploierai ici les deux termes dans le même sens.
En jazz, l’association d’un accord avec la gamme qui lui correspond est systématique, il semble donc essentiel de maitriser cette notion tant sur les plans théoriques, pratiques, qu’auditifs.
Je ne vais pas m’étendre sur l’utilisation du terme mode, son historique, ses liens avec les modes d’église.
Il me semble plus intéressant de proposer un outil, une approche, une méthode permettant d’apprendre et de reconnaitre la sonorité spécifique de chacune des gammes d’accords que l’on rencontre.
Classiquement, il est courant d’aborder les modes associés à la gamme majeure en les classant par degrés :
I = mode Ionien
II = mode Dorien
III = mode Phrygien
IV = mode Lydien
V = mode Mixolydien
VI = mode Aeolien
VII = mode Locrien
Chacun d’entre-eux comporte en outre des degrés caractéristiques permettant de les distinguer. Mais il est moins courant de les aborder en fonction des tétracordes qui composent ces modes.
Pour rappel, il existe 4 tétracordes différents dans une gamme majeure, 4 organisations différentes de 4 notes conjointes. Pour faire simple, chaque tétracorde se distingue par la position du demi-ton (quand il y en a) séparant ces dernières.
Do Ré Mi Fa# = tétracorde Lydien (oui, ce terme est aussi employé pour désigner le mode complet). Il n’y a que des tons entiers entre chaque note.
Do Ré Mi Fa = tétracorde Majeur. Le demi-ton se situe entre les notes 3 et 4 (à la fin).
Do Ré Mib Fa = tétracorde mineur. Le demi-ton se tire entre les notes 2 et 3 (au milieu).
Do Réb Mib Fa = tétracorde Phrygien (même terme que pour le mode complet). Le demi-ton se situe entre les notes 1 et 2 (au début).
En fait, les modes « ne sont jamais » qu’une juxtaposition de ces différents tétracordes, dans un certain ordre.
Plutôt que de voir un mode comme un seul bloc de 7 notes distinctes, il me semble plus judicieux d’apprendre d’abord à reconnaitre ces petits éléments séparés que sont les tétracordes. Plus tard, nous verrons que cette démarche est tout aussi pratique pour les autres gammes (mineur mélodique, mineur harmonique, symétrique…), car elles peuvent également être ramenées en des combinaisons de tétracordes.
Il semble donc essentiel d’apprendre les relations entre les modes et les tétracordes :
Pour l’instant, nous nous en tiendrons aux combinaisons possibles dans les modes issus de la gamme majeure. Dans ce qui suit, tous les modes sont présentés dans un certain ordre en commençant chaque fois par la note Do utilisée comme tonique.
Dans ce schéma, on observe que dans la plupart des cas, un même tétracorde (colonne de gauche) donne naissance à 2 modes différents (en fonction des flèches). On observe également, dans 3 situations, l’enchainement de 2 tétracordes du même type au sein d’un même mode :
Mode Ionien = T. Majeur + T Majeur
Mode Dorien = T. mineur + T. mineur
Mode Phrygien = T. Phrygien + T. Phrygien
Il s’agit donc d’intégrer les types de tétracordes qui composent chaque mode, d’apprendre à les reconnaitre isolément, puis en combinaisons. Pour cela, je propose un exercice d’intonation (chanter le plus juste possible chaque exemple).
Pour cet exemple, je prendrai le mode Lydien (mon préféré) :
Ensuite, à vous de réaliser la même chose avec les autres modes :
A cette fin, voici un backing-track qui reprend cet enchainement pour tous les modes issus de la gamme majeure. L’objectif est d’apprendre l’ordre des tétracordes pour chaque mode et de chanter n’importe lequel au départ de n’importe quelle note servant de tonique. Il faut donc transposer l’exercice afin de bien le maîtriser. Dans un second temps, ou parallèlement, il est vivement conseillé de le pratiquer à l’instrument.